Pour survivre, la province «doit renouer avec le identite profonde», dit-il.
Qu’est-ce qu’on fait avec le Quebec maintenant? La question posee par L’actualite nous laisse saisir que nous sommes a votre tournant de notre histoire. Cela faudrait 1 nouvel elan. Ce n’est jamais faux. Si on me l’avait posee Il existe quelques annees, j’aurais spontanement repondu: l’independance! En fera, je le repondrais bien. Gaston Miron n’avait nullement tort: tant qu’elle n’est pas faite, elle demeure a faire. Mais le Quebec n’a pas ete aussi eloigne d’une souverainete. Notre defaite defait aisle et nous subissons aujourd’hui comme jamais celle de 1995. Malgre l’immense depense d’energie des 40 dernieres annees, le Quebec n’est ni souverain ni reconnu comme une societe distincte au Canada. Ceux qui s’imaginent aujourd’hui qu’il suffirait d’une grosse volonte Afin de relancer le combat Afin de la souverainete vivent au sein d’ un monde parallele. Soyons honnetes: si un eventuel gouvernement souverainiste s’entetait a tenir 1 referendum au lendemain des elections de 2018, le Oui se ferait ecraser.
On connait la reflexion de Camus d’apri?s laquelle il importe moins, aujourd’hui, de changer l’univers que de l’empecher de se defaire. Vous devez oser une demarche de lucidite, aussi cruelle soit-elle. Car quoi qu’en se disent les optimistes aux ordres du systeme mediatique, le Quebec va mal. Et comme chaque fois qu’il va en gali?re, le Quebec se refugie dans un fantasme. Au XIXe siecle, apres l’ecrasement des Patriotes, c’etait le reve ultramontain. Nous allions convertir l’Amerique au catholicisme en etant le phare via le continent. C’etait un delire. Neanmoins, c’etait aussi une maniere, Afin de un peuple vaincu, de se apporter une raison de vivre et de s’imaginer une place dans le monde. D’la aussi maniere, depuis une vingtaine d’annees, le Quebec s’est refugie au sein d’ un progressisme messianique compensatoire. Le Quebec n’est jamais un pays souverain, mais ce pourrait i?tre la societe la plus progressiste de l’univers, en avance des qu’il s’agit d’embrasser la passion du metissage, d’une diversite, de la mondialisation, du feminisme ultra. Nous serions un modele Afin de la planete entiere. Le Quebec embrasse l’epoque jusqu’a s’y dissoudre.
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Depuis 1995, les souverainistes ont fait de l’independance la poursuite du progressisme avec d’autres moyens. Pendant une dizaine d’annees, ils ont vide la nation de le identite Afin de la definir juste via ses valeurs progressistes. De votre avis, la gauche souverainiste a prepare le terrain pour l’adoration de Justin Trudeau actuellement dominante dans la jeunesse. L’heure est a J’ai deconstruction et on deconstruira hardiment. Notre Quebec a l’allure d’un laboratoire d’une postmodernite. A l’ecole, on apprend a etre citoyen du monde. On deconstruit l’homme, la femme, la culture et le lieu. Dans l’Universite, la rectitude politique est dominante. Le quotidien intellectuelle etant De surcroi®t en plus coupee une vie nationale, votre derniere se desintegre dans une forme de banalite gestionnaire sans relief.
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Officiellement, les Quebecois se definissent forcement comme des Quebecois. Au sein des faits, ils se font canadianiser comme pas. La cure de 1982 entre dans leurs tetes. La culture quebecoise devient une culture optionnelle au Quebec et le multiculturalisme confirme son hegemonie ideologique. Et la langue francaise se laisse devorer avec l’anglais a Montreal. Le franglais devient la norme dans la nouvelle generation, et on l’en felicite au nom du metissage linguistique et de l’hybridite des cultures. Depoetisons la chose: le francais reste seulement victime d’un rapport de domination culturelle. Il ne parvient plus a nommer le reel. Mais le Quebec contemporain est tellement fier d’etre emancipe qu’il n’est plus capable de penser la domination qu’il subit — ceux qui la lui rappellent seront accuses de vivre dans une autre epoque. Nous cultivons, ici, un art exceptionnel du deni.