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« Mal de pierres » : quand l’amour fou et le desir des femmes est scandaleux

« Mal de pierres » : quand l’amour fou et le desir des femmes est scandaleux

Dans « Mal de pierres », Marion Cotillard tombe amoureuse D’un homme.

Follement. Est-ce si insense ? Notre realisatrice du film, Nicole Garcia, et Notre psychanalyste Anne Dufourmantelle s’interrogent.

Des le debut, dans « Mal de pierres », le nouveau film de Nicole Garcia, Gabrielle, qu’incarne Marion Cotillard, reste presentee comme folle. Folle ? Elle est pourtant beaucoup normale, une telle petit femme qui attend de la vie ce qu’elle nomme « la chose principale ». Et quitte a etre scandaleuse, bien insensee de se jeter a la tete des hommes, sans se soucier de ce qu’ils se disent d’elle ni des convenances. L’histoire se marche ils font des millenaires, c’est-a-dire au debut des annees 50, au sud de la France. On voit une maman (Brigitte Rouan) qui elit pour sa fille un homme solide (Alex Brendemuhl), ouvrier agricole. Le mariage a lieu puisqu’il faut beaucoup quitter J’ai famille, mais avec une anti-declaration de Gabrielle : « Sachez que je ne vous aimerai pas. » Envoyee en cure soigner votre qu’on appelle « des pierres a toutes les reins », une colique nephretique tres douloureuse, la petit mariee s’enflamme pour un nouvelle : le lieutenant Andre Sauvage, beau tenebreux malade, neurasthenique et opiomane, blesse en combattant en Indochine, et avec ses conflits psychiques, sous nos traits de Louis Garrel.

Alors folle ou pas ? Victime de la petite societe moisie ou des propres ideaux ? Romantique tout d’un autre age ou personnage intemporel ? Amoureuse de l’amour ou de nous ? M me Bovary, c’est moi, disait Flaubert, qui n’a pas ecrit cette fameuse phrase que Notre posterite lui attribue. Et Gabrielle ? Est-ce legerement nous l’ensemble de ? Pour discuter d’une norme, d’la folie et du desir feminin, on a organise une retrouve entre Nicole Garcia et Notre psychanalyste Anne Dufourmantelle, auteure d’« En cas d’amour ».

ELLE.

Di?s Que Gabrielle exprime son desir, elle est traitee de folle. Ces dames et les hommes sont-ils egaux en la matiere ?

Nicole Garcia. Cela m’a donne l’envie d’adapter « Mal de pierres », le roman de Milena Agus, est cette expression : « la chose principale » que requi?te Gabrielle. Cette chose reste sensuelle, tres sexuee mais egalement sacree. On voit une mystique amoureuse, sauvage, qu’elle adresse a Dieu tel a toutes les hommes. Gabrielle veut votre qu’elle ne connait jamais, dans un monde qui le lui refuse. J’aime que votre personnage ne censure pas vraiment son desir. Elle se jette a la tete de l’homme, le designe. Et cela est tres accepte si c’est l’homme qui se conduit ainsi, mais, Afin de repondre a ce question, nombre moins si c’est la femme.

ELLE. Quand c’est une femme qui agit de cette maniere, on use bien du terme pejoratif de nymphomane.

Anne Dufourmantelle. Pas toujours. J’ai pu remarquer que beaucoup d’hommes sont fascines avec ces dames qui font le geste de nos choisir. Il y a naturellement les femmes predatrices, type Marlene Dietrich. Mais il y a aussi une version plus douce et plus rassure, qui provoque souvent un grand soulagement. Dans un monde qui est encore machiste, etre deleste de l’obligation constante de devenir celui qui veut me semble etre agreable pour un homme. La femme qui assume le desir, qui connait sa propre jouissance, provoque aussi un sentiment de repos.

« Pendant des siecles, on a attendu des dames qu’elles moderent leur desir. Mon reveal heroine crie le sien. »

ELLE. Que souhaite Gabrielle, d’apres vous ?

Anne Dufourmantelle. On devoile souvent que l’hysterique cherche 1 maitre. Ce n’est gui?re la situation de une telle cousine. Elle cherche peut-etre quelqu’un, mais surtout une delivrance, par-dela ma loi. C’est un desir absolu qui ne peut gui?re s’epuiser via une demande en mariage, par la maternite ou par n’importe quel situation. Un desir que rien ne pourra satisfaire ni contenir. Elle evoque nos grandes mystiques, dont Jacques Lacan disait qu’elles n’etaient jamais analysables. Car la nevrose est tout ainsi une comptabilite : quelle dette, quel gain, pour tel ravissement. Avec des dames comme Gabrielle, il n’y a nullement d’arrangement possible. On reste dans un engagement sans limite, elle a prevenu qu’elle ne cedera pas sur « la chose principale », c’est-a-dire le desir. Elle va tomber sur une maniere de le vivre. Cela m’a frappee, c’est sa quete de verite. Elle n’accepte aucun compromis, ne transige gui?re, ne s’apprivoise nullement.

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